Angélus: «avant de s’offrir comme Pain du salut, Jésus nourrit ceux qui le suivent»
Lors de la prière de l’Angélus ce dimanche place Saint-Pierre, le Pape a rappelé le lien fort entre le pain eucharistique et le pain quotidien, en commentant l’Évangile de saint Matthieu et le récit de la multiplication des pains.
Vatican News
Depuis la fenêtre du palais apostolique qui donne sur la place Saint-Pierre, le Pape François est revenu ce dimanche sur l’Évangile de saint Matthieu qui relate la multiplication des pains et des poissons par Jésus. (MT 14, 13-21). Les foules étaient venues nombreuses l’écouter. «Les gens viennent à lui pour l’écouter et être guéris : en fait, ses paroles et ses gestes guérissent et donnent de l’espoir» a précisé François.
Le Saint-Père est revenu sur ce texte pour rappeler la puissance de Dieu à travers le miracle du Christ, une puissance qui ne se veut pas spectaculaire mais qui manifeste sa charité. Le peuple se nourrit de sa Parole, une parole donnée en abondance, a-t-il précisé.
Le Pape a également souligné que derrière ce récit évangélique en saint Matthieu, se trouve une référence évidente à l’Eucharistie, rappelant ainsi le lien étroit entre le pain eucharistique, nourriture pour la vie éternelle, et le pain quotidien, nécessaire à la vie terrestre. «Avant de s’offrir comme Pain du salut, Jésus prend soin de la nourriture de ceux qui le suivent», a-t-il souligné.
L’attitude de Jésus envers les foules, faite de compassion et de tendresse, n’est pas de la sentimentalité a précisé le Pape, mais bien une manifestation concrète d’amour, de celui qui prend soin des autres. «Ai-je vraiment de la compassion?» a demandé le Saint-Père face aux évènements dramatiques d’aujourd’hui. François a ainsi invité « à nous approcher de la table eucharistique avec ces mêmes attitudes: compassion pour les besoins des autres, confiance dans l’amour providentiel du Père et partage courageux».
Voici le texte de la catéchèse du Pape :
Chers frères et sœurs,
L’Évangile de ce dimanche nous présente le prodige de la multiplication des pains (cf. Mt 14, 13-21). La scène se déroule dans un lieu désert, où Jésus s’était retiré avec ses disciples. Mais les gens viennent à lui pour l’écouter et être guéris : en fait, ses paroles et ses gestes guérissent et donnent de l’espoir. Au coucher du soleil, la foule est encore là et les disciples, des hommes pratiques, invitent Jésus à leur faire ses adieux pour qu’ils puissent aller chercher de la nourriture. Mais il répond : “Vous leur donnez vous-mêmes de la nourriture” (v. 16). Imaginons les visages des disciples ! Jésus sait très bien ce qu’il va faire, mais il veut changer leur attitude : ne dites pas “laissez-les passer”, mais “qu’est-ce que la Providence nous offre à partager ? Jésus, à travers cette situation, veut éduquer ses amis d’hier et d’aujourd’hui à la logique de Dieu : la logique de l’affrontement avec l’autre.
Dès qu’un des Douze dit, avec réalisme : “Ici, nous n’avons que cinq pains et deux poissons”, Jésus répond : “Apportez-les-moi ici”. (vv. 17-18). Il prend cette nourriture dans ses mains, lève les yeux au ciel, récite la bénédiction et commence à rompre et à donner les portions aux disciples pour qu’ils les distribuent. Et ces pains et ces poissons ne s’épuisent pas, ils sont suffisants et ils suffisent à des milliers de personnes.
Par ce geste, Jésus manifeste sa puissance, non pas de manière spectaculaire, mais en signe de charité, de la générosité de Dieu le Père envers ses enfants fatigués et dans le besoin. Il est immergé dans la vie de son peuple, il comprend sa lassitude et ses limites, mais il ne laisse personne se perdre ou se perdre : il se nourrit de sa Parole et donne de la nourriture en abondance pour se nourrir.
Dans ce récit évangélique, la référence à l’Eucharistie est évidente, surtout lorsqu’elle décrit la bénédiction, la fraction du pain, la remise aux disciples, la distribution au peuple (v. 19). Il convient de noter combien le lien entre le pain eucharistique, nourriture pour la vie éternelle, et le pain quotidien, nécessaire à la vie terrestre, est étroit. Avant de s’offrir comme Pain du salut, Jésus prend soin de la nourriture de ceux qui le suivent et qui, pour être avec lui, ont oublié de faire des provisions. Parfois, l’esprit et la matière sont mis en contraste, mais en réalité, le spiritualisme, comme le matérialisme, est étranger à la Bible.
Jésus nous a appris à demander le pain quotidien tous les jours : il n’y a pas d’opposition entre le pain nécessaire pour vivre et le pain qu’est l’Eucharistie. Au contraire, le contraste apparaît si nous nous approchons du sacrement en oubliant nos frères et sœurs qui manquent du nécessaire. La compassion, la tendresse que Jésus a manifestée envers les foules n’est pas de la sentimentalité, mais la manifestation concrète de l’amour qui prend soin des besoins des gens. Nous sommes appelés à nous approcher de la table eucharistique avec ces mêmes attitudes de Jésus : compassion pour les besoins des autres, confiance dans l’amour providentiel du Père et partage courageux.
Que Marie Très Sainte nous aide à suivre le chemin que le Seigneur nous montre dans l’Évangile d’aujourd’hui. C’est le voyage de la fraternité, qui est essentiel pour faire face à la pauvreté et à la souffrance de ce monde, et qui nous projette au-delà du monde lui-même, car c’est un voyage qui commence avec Dieu et qui revient à Dieu